Barcelone est une ville renommée pour son riche patrimoine architectural, et nulle part cela n’est plus évident que dans ses bâtiments modernistes. Si vous êtes un amateur d’architecture, alors un itinéraire à pied à travers certains des sites modernistes les plus importants de la ville est incontournable.
L’Eixample est un paysage urbain unique conçu par l’urbaniste Ildefons Cerdà en 1860. Il présente une grille soignée de rues parallèles et perpendiculaires avec des blocs octogonaux, reflétant une vision de l’urbanisme « humain ». L’expansion de la ville au XIXe siècle due à la croissance de l’industrie textile et viticole a permis la création de ce nouveau quartier au-delà des anciennes fortifications de la ville. L’Eixample abrite plus de la moitié des 2 000 exemples catalogués de modernisme catalan.
Le quartier est divisé en deux parties, la droite et la gauche, avec la rue Balmes comme limite, bien que les quartiers de la Sagrada Familia et de San Antoni soient également inclus dans son concept de grille. Dès le début, le côté droit, avec le Passeig de Gràcia comme axe le plus valorisé, est devenu le secteur privilégié et un grand centre résidentiel pour les classes aisées.
La section gauche, peuplée plus tard et par des classes plus modestes, a opté pour des bâtiments de service tels que la prison modèle, l’Hospital Clinic et la caserne de pompiers, bien que son périmètre contienne d’autres bâtiments modernistes tels que la Casa Municipal de la Lactancia (Corts Catalanes, 475), qui abrite actuellement une résidence pour personnes âgées, ou la Casa Golferichs (Gran Vía de les Corts Catalans, 491), œuvre de l’architecte Joan Rubio i Bellver, qui a failli être démolie lors de la frénésie spéculative immobilière des années 1970.
Pour les visiteurs, le point de départ essentiel est le Passeig de Gràcia, où l’on trouve des œuvres des trois grands noms du modernisme : Lluís Domènech i Muntaner, Josep Puig i Cadafalch et Antoni Gaudí. La Casa Milà, également connue sous le nom de « La Pedrera », est incontournable et la promenade est un régal avec ses bâtiments élégants, ses charmants coins de rue et ses 30 bancs de lampadaires conçus par Pere Falqués. La section du Passeig de Gràcia présente également plusieurs bâtiments remarquables transformés en palais urbains par les trois architectes au début des années 1900, notamment la Casa Batlló, la Casa Amatller et la Casa Lleó Morera.
La section du Passeig de Gràcia, où se trouve la Casa Batlló, est célèbrement appelée « le Bloc de la discorde ». C’est une vitrine des différents styles architecturaux de l’époque, avec les bâtiments côte à côte, chacun rivalisant d’originalité. Le bloc comprend des œuvres de Josep Puig i Cadafalch (Casa Amatller), Lluís Domènech i Montaner (Casa Lleó Morera), Enric Sagnier (Casa Mulleras) et Marcel·li Coquillat (Casa Josefina Bonet), qui rivalisaient de créativité et d’innovation dans leurs conceptions. Le nom « discorde » reflète l’intense compétition professionnelle entre ces architectes emblématiques.
Casa Batlló, (Passeig de Gràcia, 43) a été construite en 1877 par Emilio Sala Cortés, ancien professeur d’Antoni Gaudí. En 1903, elle a été achetée par Josep Batlló y Casanovas, un industriel textile prospère et homme d’affaires éminent, qui a chargé Gaudí de rénover le bâtiment. Initialement, le projet était de démolir la structure, mais la vision créative de Gaudí a finalement conduit à une rénovation complète, qui a eu lieu entre 1904 et 1906, plutôt que la démolition. Ce projet témoigne du courage et de la créativité de Gaudí, et est une preuve de son savoir-faire architectural. Elle présente une magnifique façade avec des motifs céramiques complexes et des balcons en fer forgé en forme de masques. Le toit est recouvert d’une mosaïque polychrome ondulante imitant les écailles de dragon, tandis que les colonnes prennent la forme d’os, censés être les restes des victimes du légendaire dragon ayant tué le saint patron de la Catalogne, Sant Jordi.
La Casa Amatller, construite en 1900 par Puig i Cadafalch, arbore une finition unique inspirée de l’architecture gothique flamande. Pendant ce temps, la Casa Lleó Morera, construite par Domènech i Muntaner en 1905, abrite les plus beaux vitraux modernistes de la ville, créés par l’atelier Rigalt, ainsi que de magnifiques mosaïques.
Les éléments caractéristiques du modernisme, tels que les vitraux, le fer forgé, les formes sinueuses et les mosaïques en céramique, peuvent également être vus dans les boutiques de la région, certaines conservant encore leur structure d’origine, comme la boulangerie de Carrer Girona 73 et la pharmacie Bolòs sur Rambla de Catalunya 77.
La maison Thomas, (Mallorca, 293) un bâtiment de style moderniste pur qui s’harmonise parfaitement avec les façades des bâtiments de cette partie de l’Eixample de Barcelone, et qui, malgré les modifications ultérieures, synthétise les caractéristiques de son auteur, Lluís Domènech i Montaner, qui a conçu le bâtiment en réponse à une demande de l’imprimeur Josep Thomas. Ainsi, un bâtiment a été créé avec un rez-de-chaussée où se trouvait l’atelier du propriétaire et un premier étage qui appartenait à la famille Thomas. C’est là que l’architecte a laissé les éléments les plus caractéristiques de son style. La façade néo-gothique, l’utilisation de tons bleus dans les décorations florales et les figures de reptiles dans le vestibule principal montrent la marque de l’auteur sur le bâtiment.
La Fondation Antoni Tàpies mérite également une visite. Elle est dédiée à la promotion de l’art contemporain, avec un accent sur les œuvres du célèbre artiste Antoni Tàpies. Les visiteurs peuvent y découvrir une collection des créations de Tàpies, ainsi que des expositions tournantes. Le musée est installé dans un magnifique bâtiment moderniste conçu par Lluís Domènech i Montaner, facilement reconnaissable par la sculpture « Nuage et Chaise » en aluminium et en acier sur son toit.
La Casa Calvet (Carrer de Casp, 48) est l’une des premières œuvres de Gaudí. Certains l’ont considérée comme l’œuvre la plus conservatrice de l’artiste. Néanmoins, on y trouve des éléments modernistes marqués, tels que la façade courbe finie ou les balcons mansardés, de véritables créations de contes de fées. Le rez-de-chaussée est aujourd’hui le restaurant China Crown Barcelona. Construite en 1899 pour le fabricant Pere Màrtir Calvet, elle servait à la fois pour son entreprise, à laquelle étaient dédiés le rez-de-chaussée et le sous-sol, et pour l’habitation, située aux étages supérieurs. En 1900, la Ville de Barcelone lui a décerné le prix de la meilleure maison de l’année. La Casa Calvet est un hommage au baroque catalan et est construite en pierre de Montjuïc, avec une utilisation splendide du fer forgé dans les balcons. Le hall d’entrée et le sous-sol, aujourd’hui transformés en restaurant, sont particulièrement intéressants, où l’on peut voir le plafond typiquement catalan, les colonnes solomoniennes en granit ou les arcs avec des reliefs de vignes.
La route moderniste se termine au Palau de la Música Catalana (Carrer de Palau de la Música, 4-6), un chef-d’œuvre de l’architecture catalane. Cette salle de concert a été conçue par Lluís Domènech i Montaner et est considérée comme l’un des exemples les plus importants d’architecture moderniste à Barcelone. La façade est ornée de mosaïques colorées et de détails complexes, et l’intérieur présente un magnifique dôme en verre.
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